Il se développe dans la province du Lualaba, la deuxième plus grande centrale hydroélectrique de la RDC depuis Inga 2, c’est le barrage de Busanga. Lequel prévoit produire 240 mégawatts d’énergie électrique dans le territoire de Mutshatsha à plus ou moins 120 kilomètres de la ville de Kolwezi, près des villages Wakipindji, 48 heures, Kamalenge, Monga Luboza et Wafinya.
Le site se trouve non seulement dans le même territoire que les barrages électriques de Nseke et de Nzilo, mais aussi sur le même parcours du fleuve Congo. Cependant, pour la synergie Mwangaza qui réunit plus d’une quarantaine d’Organisations de la Société civile congolaise intervenant dans les secteurs minier et énergétique, ce projet hydroélectrique de Busanga cause d’énormes problèmes et présente des grands risques pour les populations des villages environnants.
Sur le plan environnemental, ces communautés riveraines seront impactées car elles feront face à des inondations. Actuellement, elles sont déjà victimes des délocalisations brutales, expulsions forcées et destructions méchantes de leurs villages par les policiers et les militaires sous ordre du gouvernement provincial du Lualaba.
Et selon le rapport d’une étude menée par l’observatoire africain des ressources naturelles AFREWATCH (African ressources watch), quatre grands problèmes ressortent de l’analyse sur la gouvernance de ce projet du barrage de Busanga.
Il y a entre autres le manque de transparence dans les transactions du site, les informations peu claires sur les apports et la participation des actionnaires de la partie congolaise du projet, la propriété réelle suspecte de l’entreprise Congo Management (COMAN) dans la partie congolaise, et surtout la problématique de l’accès des populations, dont les communautés impactées, à l’énergie électrique qui sera produite par le projet hydroélectrique de Busanga.
Voilà pourquoi, dans son mémorandum adressé au Président de la République et présenté concomitamment ce jeudi 18 février 2021 à la presse avec le rapport d’AFREWATCH, la synergie Mwangaza exige la révision de l’accord concernant ce barrage de Busanga. Elle reste préoccupée du fait qu’aucune disposition de l’accord de joint-venture de création de SICOHYDRO ne garantit ni directement ou indirectement aux populations, particulièrement aux communautés impactées, l’accès à l’énergie électrique.
Et la synergie en appellent au Président de la République d’instruire le Gouvernement et les parties prenantes à l’accord, de garantir l’accès à l’électricité à ces communautés riveraines du barrage de Busanga. Dans le cas contraire, exige-t-elle, « l’accord devra purement et simplement être annulé, car ne profitant pas aux Congolais qui en sont impactés de plus près ».
A cet effet, trois recommandations sont formulées à l’endroit du Président de la République. D’abord d’ordonner la révision de l’accord de joint-venture de création de SICOHYDRO de 2016 « de manière à ce qu’il garantisse aussi aux communautés l’accès à l’énergie électrique qui sera produite du projet Busanga ».
Mais aussi d’exiger la publication de l’accord révisé ou de son avenant, et de mettre en place un mécanisme transparent de suivi du respect des droits humains dans la mise en œuvre du projet.
Quid du projet
Dans son mémo, la synergie Mwangaza demande au Chef de l’Etat la révision de l’accord de joint-venture de 2016 portant création de l’entreprise SICOHYDRO conclu entre le groupement d’entreprises chinoises représenté par SICOMINES et la République démocratique du Congo représentée par la GECAMINES, la Société nationale d’électricité (SNEL) et Congo Management (COMAN). Cette entreprise privée représente la RDC avec 15% d’actions sur les 25 % qu’elle possède dans ce projet, tandis que la GECAMINES et la SNEL ont respectivement 7% et 3%.
En outre, ce projet est financé à hauteur de 660 millions de dollars américains comme coût global. Et la partie chinoise possède 75 % des parts. Et ce projet hydroélectrique de Busanga prévoit produire 240 mégawatts d’énergie électrique, dont 170 seront alloués à SICOMINES, qui en est jusque-là l’unique bénéficiaire, alors que les 70% restant seront en principe gérés par SICOHYDRO qui, étant une société commerciale dans le projet, aura pour mission de produire, transporter et vendre l’électricité.
Bokulaka Baende