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Sud-Kivu : Lungwe, le lac “sacré”quasiment vidé de sa biodiversité

25 février 2021
in Actualité, Biodiversité, Climat, Forêt
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Une expédition constituée des chercheurs en études physico-chimiques, des études sur des poissons, des macro-vertebres, des oiseaux, des plantes menée par l’organisation Strong Roots a dressé un constat amer sur la menace que pèse le Lac Lungwe dans la chefferie de Lwindi, territoire de Mwenga province du Sud-Kivu.

Des chercheurs de plusieurs domaines y ont été dépêchés pour étudier ses caractéristiques malgré son état “sacré” du lac.

” Le Lac Lungwe est sur 2800 à 2900 mètres d’altitude. C’est un lac important pour nous renseigner sur la biodiversité dans la zone. Mais aussi sur tous les aspects de changement climatique et aussi essayer de voir toutes les menaces qui pèsent sur lui et qu’est-ce qu’on peut mettre en place dans le plan de restauration car le lac est très menacé par les activités humaines notamment les activités agricoles, sur les flancs et les versants du Lac mais aussi le déboisement”,  a dit à DESKNATURE.COM, Dominique Bikaba directeur général  de Strong Roots en RDC.

Après trois jours de travail et de recherches, les résultats ont été alarmants. Le Lac sévère menacé et l’environnement est malsain même pour les oiseaux et les petits mammifères.

“  Nous avons placé les matériels des captures. On a trouvé des chauves-souris, les animaux très sensibles au réchauffement climatique.  Le paysage est très difficile, parce que sur de grandes étendues on a tout coupé, alors tout coupé. Ce qui est marrant ce que les gens coupent la forêt juste pour faire la braise et après ils ne plantent même pas les arbres. En réalité, il n’y a presque rien qu’on trouve en signe d’animaux”, s’inquiète le professeur et chercheur Prince Kalerme  spécialiste des petits  mammifères.

Les oiseaux menacés ont également fui l’environnement. Ce sont quelques rescapés qui y sont encore.

” L’état de lieu de  l’environnement est très très alarmant. Il faut qu’il y ait des actions d’urgence car à l’allure où vont les choses, on voit que le lieu est sérieusement menacé. Il y a eu la déforestation partout et au rythme accéléré, le feu de brousse est encore en cours. Les quelques espèces encore intéressantes notamment  quelques nectariniidés, touracos, turdidés sont sérieusement menacés, même le lac lui-même est menacé dans tout son bassin” explique le professeur et chercheur Charles Kahindo  spécialiste en  études des oiseaux.

Pour sa part, le Professeur et chercheur Kisekela Tchalondawa, spécialiste en étude des poissons, n’a rien repêché. Le Lac se serait vidé de tous ses poisons.

” Au niveau étiologique, on n’a même pas récolté un spécimen, cela peut être dû au niveau d’altitude de ce lac. Nous sommes à plus de 3000 mètres d’altitude. C’est vraiment un niveau très très élevé. La région est tellement froide, la température qu’on essayé de prélever est de 17°C, du coup, ce ne sont pas toutes les espèces qui peuvent s’adapter à ce milieu. Pour qu’il y ait colonisation des poissons, il y a les mécanismes des espèces dans les environs, et probablement avec Cette dénivellation du relief, les poissons n’ont pas réussi à se disperser jusque dans cette région”, Professeur et chercheur Kisekela Tchalondawa spécialiste en étude des poissons.

Un lieu sacré pour la population locale

Les populations locales considèrent le lac comme sacré, un sanctuaire de toutes les cérémonies mythiques.

” C’est un lac sacré. C’est notre lac traditionnel depuis que nous sommes nés. Nous avons peur de nous approcher. Les temps anciens, c’est question de pointer même le doigt à ce lac et la pluie tombait. De fois ce sont  des chansons qu’on entendaient sans voir les gens et même les vaches apparaissent sans savoir leurs  origines et disparaissent” explique 

Duga Nahayo Matthias, chef de la localité de Kasozo dans le groupement de Kigongo, collectivité de Lwindi dans le territoire de Mwenga.

Situé dans le plus profond du territoire de Mwenga, le Lac Lungwe est au centre des activités agricoles de plus de 6 communautés notamment les Banyamulenge, les Bembes, les Fuliro, les Rega, les Shi  et les Nyindu au Sud-Kivu.

Justin Mwamba

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