Plus de deux ans après lancement de l’opération « Kinshasa Bopeto », la capitale de la République démocratique du Congo demeure encore dans l’insalubrité la plus totale, estime un urbaniste, M. Fiston Ilangi Ndeke, pour qui, cette situation ne cesse d’inquiéter les gestionnaires urbains congolais. « En circulant dans la Ville de Kinshasa, l’on constate que cette ville a un sérieux problème d’homme et surtout d’éducation environnementale et d’urbanité. En dehors de ça, l’on constate aussi qu’il y a un déficit criant d’infrastructures d’assainissement dans la ville. Mais aussi une faible politique d’assainissement et d’urbanisation », a-t-il déclaré.
Pour lui, la plupart de maux qui affligent l’environnement urbain de Kinshasa existent depuis fort longtemps, mais ils ont pris une ampleur inquiétante depuis l’indépendance du pays. « Depuis plusieurs années, Kinshasa est confrontée à un sinistre catalogue de dégradations urbaines, de ruptures d’équilibres écologiques. Cet état de choses est lié à l’ignorance, à l’imprudence, à la cupidité, à l’égoïsme, à l’orgueil…de Kinois », a-t-il déclaré.
Et il conclut qu’il y a un conflit entre les Kinois et la ville de Kinshasa. D’autant plus que, a-t-il souligné, les ressources et la « technophère » sont en déséquilibre et en conflit, et les Kinois se trouvent au centre de ce conflit. « En fait, le Kinois apparaît à Kinshasa comme un produit non désiré par sa croissance urbaine, son développement, son urbanisation, son assainissement », a-t-il dit.
Pour remédier à cette relation malsaine des Kinois avec leur environnement urbain, il a esquissé quelques recommandations. Aux Kinois de prendre d’abord une conscience verte pour relever ces défis écologiques et urbanistiques. « Ils doivent faire un effort à connaître, à comprendre, à aimer et à coopérer avec leur ville ».
Et pour un assainissement écologique de la ville de Kinshasa, l’urbaniste Fiston Ilangi recommande également les Kinois à avoir un comportement responsable vis-à-vis de l’environnement. Pour lui, il faut donc concilier environnement, écologie, économie et développement durable. « Pour l’avenir et eu égard à l’insalubrité urbaine à Kinshasa, tout Kinois doit savoir qu’il n’est pas trop tard, mais il est temps d’assainir rationnellement notre ville », a-t-il martelé.
Quant au Gouvernement, l’urbaniste Fiston Ilangi Ndeke le recommande d’exprimer clairement sa volonté politique « pour que les choses changent au sens noble du terme, en dotant la ville-province de Kinshasa d’une politique rationnelle en matière d’assainissement et d’urbanisme, équiper les communes avec des infrastructures adéquates, mettre des moyens financiers conséquents pour l’assainissement de la ville ».
Il a de ce fait appelé les députés nationaux de légiférer des textes réglementaires qui accompagnent le secteur de l’assainissement et de l’urbanisme de Kinshasa, tout en contrôlant (monitoring) perpétuellement le gouvernement provincial et en sanctionnant aussi au besoin. Les députés provinciaux pour leur part, doivent savoir qu’ils sont parmi les agents décisionnels dans la ville de Kinshasa, souligne l’urbaniste Ilangi.
Il indique par ailleurs que « Tout le monde doit savoir que 62 ans après l’indépendance, il apparaît clairement que les urbanistes, les environnementalistes, les architectes, les géomètres topographes, les gouvernements n’ont pas encore réussi à faire passer leur message. Ce message se résume en quelques mots : ” toute stabilité économique et sociale de l’homme voire de la vie repose sur une seule base : les ressources naturelles de la biosphère. Les détruire, c’est compromettre les fondements même de la vie sur Terre” ».
Et il note enfin que « Malgré les succès assez substantiels que le gouvernement congolais a connus depuis 1960, il n’a pas encore réussi à déloger le mythe selon lequel l’environnement et le développement sont dans des directions opposées. C’est là le véritable drame. Dans de nombreux pays, surtout en RDC, l’on soutient encore que l’environnement ne peut être protégé qu’au prix du progrès économique ».
Bokulaka Baende
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